Premier épisode : Des socialistes primaires ?


                Le 10 octobre 2011 en matinée, la rue de Solférino rendait publics les résultats du premier tour de la primaire socialiste. Près d’un million et demi de Français y avaient participé ; exactement 1 447 538. François Hollande arrivait en tête avec 40,86% des suffrages. Martine Aubry était seconde avec 37,13%. Ségolène Royal obtenait un accablant 9,14%, talonnée par un Montebourg à 8,32%. Manuel Valls et Jean-Michel Baylet finissaient dans les choux.
                Comme on pouvait s’y attendre, l’UMP et le FN daubèrent sur ce résultat. Jean-François Copé souligna « l’échec patent d’une tentative piteuse de détourner le fonctionnement de nos institutions » , tandis que Marine Le Pen rappelait que, dès juin 2011, elle avait prédit une participation réduite. De façon toute aussi prévisible, le PS se félicitait de « ce magnifique élan démocratique » et, oubliant le précédent d’Europe Ecologie, se targuait « d’avoir fait avancer les pratiques politiques françaises par cette innovation majeure ». Dans l’entourage de François Hollande, on avait débouché le champagne et on attendait avec confiance le résultat du second tour.

                La douche fut glaciale.

                Le 16 octobre au soir, Martine Aubry obtenait 52,13% des voix et devenait ainsi la candidate socialiste à l’élection présidentielle de mars 2012. Chez les hollandistes, on compta et recompta. C’était impossible. Montebourg avait appelé à soutenir Aubry ; Royal, Valls et Baylet n’avaient donné aucune consigne ; la participation avait frôlé le million d’électeurs – moins qu’au premier tour, mais pas assez pour expliquer ce retournement. Il était inimaginable, en tout cas très peu probable, qu’un partisan de Royal ou de Baylet aille voter pour Martine au second tour. Logiquement, François aurait dû gagner. Pendant la nuit, les résultats furent passés au crible. Du premier au second tour, on notait des basculements spectaculaires en faveur de Martine Aubry dans de nombreux bureaux du Nord, du Pas-de-Calais, de la Seine-Maritime, de Paris, des Bouches-du-Rhône ou de l’Hérault. C’était suspect. Autour de François Hollande, on évoqua le précédent du congrès de Reims, on hasarda des hypothèses et le mot de « fraude » fut bientôt prononcé.

                Que fallait-il faire ?

(A suivre)
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