François Rebsamen et Pierre Moscovici rencontrèrent l’état-major de Martine, firent part de leurs doutes, demandèrent un recomptage. Ce fut peine perdue. Laurent Fabius leur exposa très clairement la situation : d’abord, leurs soupçons étaient très offensants pour la première secrétaire et son équipe. Mais surtout, le PS avait fait le pari de la primaire, il y jouait sa crédibilité et la confiance des Français. Les camarades prendraient-ils le risque de ruiner cette crédibilité, de contester aux yeux du pays la légitimité de la candidate désignée, alors que le parti se remettait à peine des blessures infligées par l’affaire DSK ? Accepteraient-ils de porter, devant la gauche et devant l’Histoire, une pareille responsabilité ? Ou bien se résoudraient-ils à reconnaître de bonne grâce la victoire de la première secrétaire, à lui apporter leur soutien et à pouvoir ainsi profiter de son inéluctable élection à la magistrature suprême ?
Le deal était clair. François Hollande ne fut pas long à le comprendre et à faire le choix qui s’imposait – et qu’il n’avait d’ailleurs pas. Le 17 octobre au matin, dans un communiqué à l’AFP, il reconnaissait la victoire de Martine Aubry et lui rappelait « la responsabilité historique qu’elle portait désormais de rassembler autour d’elle toutes les sensibilités de la gauche ». A midi, sur le perron du PS, la première secrétaire déclara devant les caméras qu’elle « prenait acte avec gravité de la responsabilité que lui avaient confiée les hommes et les femmes de gauche pour faire reculer les assauts du capitalisme et revenir aux sources d’un socialisme authentique, réellement soucieux de protéger les travailleurs et de réformer l’économie de marché ». François Hollande manqua s’en étouffer.
(A suivre)