Huitième épisode : Politique générale.


      La passation de pouvoir entre Nicolas Sarkozy et Martine Aubry se fit dans une ambiance légèrement crispée. L’ancien président préféra ensuite sortir à pied par la grille du Coq, crainte de subir les sifflets et les huées des gens massés devant la porte principale. Le lendemain, les JT révélèrent que le couple Sarkozy quittait la France pour aller s’établir au Brésil où Nicolas avait ouvert un cabinet de conseil, en association avec Jean-Marie Messier. Le « prince Jean » démissionnait de tous ses mandats électifs pour travailler avec son père ; Carla mettait sa carrière entre parenthèses pour se consacrer au petit Hubert-Luigi. Nicolas Sarkozy expliqua dans une interview à Paris-Match qu’il n’y avait plus rien à attendre de l’Europe et que l’avenir était désormais dans les pays émergents. Le soir de cette annonce, Jean-François Copé, Xavier Bertrand et François Fillon, chacun de son côté et ignorant ce que faisaient les autres, réunirent leurs proches à leurs domiciles et firent couler le champagne à pleins flots.
      Le discours de politique générale de Bertrand Delanoë fut à l’image de l’orateur lui-même : généreux, bien charpenté, un peu scolaire et manquant légèrement de souffle. Il y était question de lutter contre le chômage, de corriger les inégalités sociales, de recentrer l’Education nationale sur ses missions citoyennes, de mettre la législation en accord avec l’état de nos mœurs et de faire renaître la solidarité entre tous les Français. Concrètement, le Premier ministre annonçait une remise à plat totale de la fiscalité, la création de trois cent mille emplois-jeunes dont la moitié seraient financés par les collectivités locales, le recrutement dès la rentrée prochaine de cinq mille enseignants du primaire comme du secondaire, la mise en chantier sur trois ans de cent vingt mille logements sociaux, l’augmentation de 12% du SMIC comme du RSA, la consolidation de la centrale de Fessenheim, le doublement en trois ans du budget de la culture, la légalisation du mariage homosexuel et la dépénalisation du cannabis. On trouva que c’était beaucoup et, paradoxalement, on fut déçu. L’UMP dénonça l’irresponsabilité d’un projet qui « multipliait les dépenses sans envisager la moindre économie », Marine Le Pen souligna que « pas un instant il n’avait été question de s’attaquer au vrai problème de la France, celui d’une immigration excessive, handicapante et incontrôlée », Jean-Christophe Cambadélis, nouveau Premier secrétaire du PS, salua « la clairvoyance et le courage d’un projet qui attaquait de front les maux dont souffre notre pays » et Cécile Duflot confirma sa confiance dans « le projet élaboré en commun avec nos alliés de toute la gauche pour faire entrer la France dans une ère de développement solidaire et responsable ». François Bayrou, par un communiqué de presse, signala qu’il était « attentif ».

(A suivre)